1989-1999 : le Racing brille sur la scène européenne !

Publié le 03/09/2019

Célébré en 2019, le centenaire de l’organisation du foot en Alsace est décrypté, décennie par décennie. Le 8e volet de cette série historique vous plonge dans la période 1989-1999, époque marquée par le retour au premier plan du Racing Club de Strasbourg, l’éclosion d’Alsaciennes en équipe de France féminine, la nouvelle vague d’arbitres alsaciens, ainsi que le franchissement de la barre symbolique des 70 000 licenciés au sein d’une LAFA désormais dirigée par Ernest Jacky. Immersion… 

A l’aube de la saison 89/90, le FC Mulhouse se positionne en locomotive du football alsacien après son titre de champion du groupe A de D2 décroché l’année précédente devant Brest. Seul club alsacien parmi l’élite au début des années 90 (le Racing est relégué la saison où Mulhouse accède à l’élite), le club d’André Goerig vit, lors de cette saison 89/90, ses dernières heures de gloire. Côté coulisses, l’élection de Jean-Marie Boeckel à la tête de la municipalité va diamétralement changer la donne et pousser André Goerig à claquer la porte du club.

Miné par des tensions internes, le FC Mulhouse termine la saison à la dernière place de la D1 reprenant immédiatement l’ascenseur vers l’étage inférieur. Le début d’une lente descente aux enfers pour un club fécémiste qui, après huit saisons passées en D2, sera relégué en National à l’issue de la saison 97/98, avant de déposer le bilan, malgré son maintien sportif la saison suivante, pour repartir en CFA à l’orée du nouveau millénaire. Si le bateau mulhousien coule lentement au cours des années 90, le navire strasbourgeois va, paradoxalement, redorer son lustre d’antan à pareille époque.

Revoilà le Racing !
Après trois saisons de purgatoire, entre 1989 et 1992, la Racing Club de Strasbourg, à nouveau coaché par un certain Gilbert Gress, retrouve l’élite du football français. Au terme d’une double-confrontation historique remportée face au Stade Rennais (0-0 ; 4-1) lors du barrage retour et dans une Meinau pleine comme œuf, le Racing de José Cobos valide son ticket pour le plus grand plaisir d’un public retrouvé. De retour en D1, Strasbourg va s’y installer durablement dans les années 90, ajoutant quelques belles lignes à son palmarès et à son histoire.

Finaliste malheureux de la coupe de France 95, perdue face au PSG (1-0), le Racing de Roland Weller décroche deux saisons plus tard la deuxième des quatre coupes de la Ligue de son histoire. Avec Jacky Duguépéroux aux manettes, la formation strasbourgeoise domine les Girondins de Bordeaux lors d’une finale remportée aux tirs au but (0-0, 6tab5). S’il se distingue sur la scène nationale, le club alsacien va également briller sur la scène européenne.

L’épopée européenne
Qualifié pour la coupe UEFA au bénéfice de leur titre en coupe de la Ligue, les Nouma, Zitelli ou autre Martins vont plonger toute l’Alsace dans l’euphorie à l’automne 97. Les Glasgow Rangers d’abord, mais surtout Liverpool vont tour à tour tomber face à une formation strasbourgeoise totalement décomplexée. Qualifiés pour les 1/8es de finale de l’épreuve, les coéquipiers de Gérald Baticle héritent de l’Inter de Milan. Face à l’armada interiste et son attaque de feu composée notamment de Ronaldo et Recoba, les Racingmen remportent, à la surprise générale, le match aller dans une Meinau en fusion, un soir de novembre 1997 (2-0).

Rêvé par tout un peuple, l’exploit de la qualification ne se produira finalement pas. Piqués au vif, les Italiens réussiront à renverser la vapeur à Giussepe Meazza, Ronaldo, Javier Zanetti et Diego Simeone trouvant à trois reprises le chemin des filets d’Alexander Vencel. Bien qu’éliminé, le RCS écrit, lors de cette saison 97/98, l’une des plus pages européennes de son histoire, portant haut et fort les couleurs de l’Alsace.

Ces couleurs, un joueur en particulier va les honorer pendant cette décade. Né à Colmar, Marc Keller débute sa carrière professionnelle au début des années 90 au FC Mulhouse avant de se révéler aux yeux du grand public au Racing. Titulaire à 37 reprises et auteur de 11 réalisations lors de l’exercice 95/96, le Colmarien va finir par attirer l’œil d’Aimé Jacquet, qui lui offre sa première sélection en Bleu, le 15 novembre 1995, lors d’une rencontre opposant la France à Israël (2-0).

Entre 95 et 98, Marc Keller évoluera à six reprises sous la tunique frappée du coq, réalisant son plus grand fait d’armes le 3 juin 97 lors d’une rencontre du tournoi de France jouée face au Brésil à Gerland (photo DR). Menés un but à rien après l’historique coup franc de Roberto Carlos, les Bleus vont accrocher la Seleçao grâce à la seule et unique réalisation de l’Alsacien inscrite en équipe de France.

La relève arbitrale

Philippe Kalt débute sa carrière le 5 août 1994 au stade Bollaert – photo DR

Au sommet du football hexagonal, un autre alsacien va particulièrement se distinguer lors des années 90. Marqué par les coups de sifflets de Georges Konrath et Robert Wurtz dans les années 70/80, l’arbitrage alsacien va se trouver une nouvelle figure de proue en la personne de Philippe Kalt. Plus jeune arbitre français à démarrer dans l’élite, Philippe Kalt débute sa carrière en D1 le 5 août 94 au stade Bollaert par un match opposant le RC Lens au Stade Rennais, à l’âge de 25 ans (photo Médiathèque FFF).

Les prémices d’une carrière exceptionnelle. Porte-étendard du sifflet alsacien, Philippe Kalt est accompagné dans les années 90 par d’autres illustres représentants régionaux. Lucien Kaiser (80-94), Serge Leon (91-99), Attilio Ugolini (98-05) et Bernard Tournegros (95-97) font des années 90 l’une des décennies les plus riches de l’histoire pour l’arbitrage alsacien, représentants d’un football local qui brille sous toutes ses formes.  Du côté des féminines, le FC Vendenheim, désormais bien installé dans l’antichambre du foot français, se fait un nom au côté de l’ASPTT Strasbourg qui se distingue dans l’élite du foot féminin au cours de la première moitié des années 90, habituée aux places d’honneur en National 1A.

Fièrement représenté par ses deux clubs porte-drapeaux, le football féminin alsacien s’illustre aussi et surtout dans les années 90 par ses internationales. Fers de lance du foot féminin, Marie-Christine Umdenstock (36 sélections), Myriam Bernauer (24), Sandrine Ringler (19), Géraldine Herphelin (9) ou encore Stéphane Trognon (7) honoreront toutes, tour à tour, de nombreuses capes en Bleues, signe de la vitalité d’un foot féminin alsacien au sommet de sa gloire dans les années 90.

Ernest Jacky président ! 
A l’instar du développement du foot féminin, la LAFA continue de progresser à tous les niveaux. Alors qu’elle comptabilise 49 164 licenciés lors de la saison 89/90, elle en dénombrera plus de 76 000 à la fin des années 90. En son sein, la décennie 89/99 sera marquée par le 5e et dernier mandat d’Yves Muller, qui tire sa révérence le 1er janvier 93, après 21 années de présidence. Enclenchée par l’avocat colmarien avec la création de son siège à Strasbourg et son antenne haut-rhinoise à Rixheim en 1991, l’ère des grands travaux de la LAFA va se poursuivre sous son successeur, Ernest Jacky. 

Dès sa prise de fonction, il s’attèle à doter le Haut-Rhin d’un véritable siège. C’est chose faite le 7 septembre 96 avec l’inauguration du Centre du Football du Haut-Rhin, implanté à Illzach. Côté terrain, la présidence d’Ernest Jacky a aussi été marquée par le développement du football des débutants et du futsal. La structuration et le renforcement de l’accompagnement des clubs font également partie de son programme. Un renforcement traduit notamment par la multiplication des formations proposées aux dirigeants.

Dans le cadre de l’opération « Formation An 2000 », 2000 dirigeants sont ainsi formés en l’espace de cinq ans. Dans le sillage du 1er titre mondial décroché par l’équipe de France le 12 juillet 98 et à l’image de l’ensemble du foot français, le football alsacien est sur de bons rails à la fin des années 90, prêt à amorcer la bascule dans le nouveau millénaire…

Article publié le lundi 3 septembre 2019 à 9:05

Par S D

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