2009-2019 : le retour en grâce du Racing Club de Strasbourg !

Publié le 15/11/2019

Célébré en 2019, le centenaire de l’organisation du foot en Alsace est décrypté, décennie par décennie. Le dixième et dernier volet de cette série historique vous plonge dans la période 2009-2019, époque marquée par le retour en grâce d’un Racing Club de Strasbourg propulsé dans le monde amateur après sa liquidation judiciaire en 2011, les exploits de l’US Oberlauterbach-Eberbach en coupe d’Alsace en passant par ceux de Sarre-Union, Biesheim ou encore l’Olympique Strasbourg en coupe de France. Immersion…

Par le passé, le Racing Club de Strasbourg avait déjà connu des crises, mais des crises comme celle qui allait s’amorcer sur les bords du Krimmeri au début des années 2010, jamais. Relégué en National lors de la saison 2009/2010 après une ultime défaite à Châteauroux, le Racing ne va pas s’en relever. Successeur de Pascal Janin à l’intersaison 2010, Laurent Fournier va manquer d’un cheveu le retour en L2 lors de l’exercice suivant, échouant, malgré un dernier succès acquis à domicile contre Bayonne, à une unité du troisième et dernier promu, l’EA Guingamp.

Miné par des problèmes extrasportifs, le RCS va définitivement toucher le fond quelques semaines plus tard, en plein cœur de l’été. Le 22 août 2011, la sentence tombe, la liquidation judiciaire est prononcée. Club pro depuis 1933, le Racing quitte le monde professionnel par la plus petite des portes, contraint de repartir en CFA2, le cinquième échelon du foot français lors de l’exercice 2011/2012.

Choc des extrêmes
S’il a abandonné son statut de club phare de la région aux SR Colmar qui évoluent désormais deux échelons plus haut, le Racing de François Keller reste l’attraction numéro 1 en Alsace, ses pérégrinations locales fascinant les passionnés de ballon rond, curieux de voir évoluer ce mastodonte du football français face à de modestes amateurs. Promu la saison précédente en CFA2, le FC Steinseltz de Lucien Stohr, qui croisera en championnat le Racing pour une double confrontation historique, est l’exemple le plus criant de ce choc des mondes que personne n’aurait pu imaginer quelques années plus tôt.

Repartie avec des jeunes du cru, à l’instar d’Alexandre Gisselbrecht, Joris Ursch ou encore Steven Keller, la formation strasbourgeoise va très rapidement se retrouver un public, séduit par ces visages juvéniles auxquels il s’associe. Des « De l’UEFA à la CFA, les Strasbourgeois sont toujours là », descendent des travées de la Meinau lors du premier match à domicile de ce Racing amateur, joué face à l’ASIM devant 9 813 spectateurs le 3 septembre 2011.

Des affluences records
A défaut de faire parler de lui par ses prouesses sportives dans un monde professionnel qui paraît bien lointain, le Racing fait toujours couler beaucoup d’encre grâce à… ses supporters. 10 880 spectateurs le 5 novembre en CFA 2 pour le derby face à Schiltigheim, 20 044 le 6 avril 2013 en CFA face à Mulhouse et 27 820 le 22 mai 2015 en National devant Colomiers, les records d’affluence pleuvent au rythme du renouveau d’un club qui se refait, au gré des saisons, un nom dans le foot français.

S’il a retrouvé le giron professionnel en 2017, soit six saisons seulement après sa liquidation judiciaire, tout n’a pas été si simple pour un club alsacien qui aura évité de justesse un nouveau dépôt de bilan en 2012, sauvé in-extremis par Marc Keller et quelques investisseurs amoureux du club avant d’être repêché administrativement deux ans plus tard suite à la disparition de Luzenac, interdit d’accéder en L2 par la LFP.

Sous une bonne étoile, le club strasbourgeois, poussé par toute l’Alsace, se refait admirablement la cerise au cours d’une décennie qu’il aura débuté en CFA2, poursuivit en CFA (ici lors de la montée en National en 2013 – photo Philippe Bergdolt), puis en National et L2 pour la terminer en L1 avec en prime la coupe d’Europe, qualifié pour les tours préliminaires de la Ligue Europa après sa victoire en finale de la coupe de la Ligue 18/19 face à l’EA Guingamp en mars dernier.

Marquée à jamais par l’incroyable résurrection du Racing, la décennie 2009/2019 ne doit pas occulter le passage remarqué des SR Colmar en National. Au sein de l’antichambre du foot professionnel, les Sports Réunis de Colmar y auront évolué pendant six saisons entre 2010 et 2016, les hommes de Damien Ott accrochant même une très belle 4e place lors de l’exercice 2013/2014 (photo Denis Beylet).

Comme pour le Racing cinq ans plus tôt, l’idylle des SRC en National s’est brusquement arrêtée avec un dépôt de bilan au début de l’été 2016. Reparti sur des bases saines en Excellence, l’équipe fanion colmarienne remonte doucement la pente, évoluant lors de cette saison anniversaire en R1 après avoir notamment remporté la coupe d’Alsace lors de l’exercice 2017/2018 face à l’US Sarre-Union.

Théâtre des plus belles joutes régionales, la coupe d’Alsace est passée de main en main au cours de cette dernière décennie. Le RC Strasbourg 2 (2010), l’ASIM (2011), le FR Haguenau (2014 et 2016), Schiltigheim (2012), Mulhouse (2015) ou encore Erstein (2016) ont tour à tour inscrit leur nom au palmarès de l’épreuve régionale mais si une finale devait ressortir sur ces dix dernières années, il s’agirait de l’opposition entre l’US Oberlauterbach-Eberbach et les réservistes colmariens, alors pensionnaires de CFA2.

La coupe est pleine

Jouée à Weyersheim devant près de 2000 spectateurs, la 67e finale de la coupe d’Alsace a tourné en faveur du « petit » au terme d’une partie totalement débridée remportée 4 buts à 3 par l’USOE. Après deux finales perdues en 2010 et 2011, « les Orange », champion d’Excellence la même année, ont réalisé ce 23 juin 2013 l’un des plus beaux exploits de l’histoire de cette compétition.

Légions lors de la décennie du nouveau millénaire, les exploits en coupe de France ont à nouveau rythmé ces dernières années. A commencer par le plus récent, réalisé la saison dernière par l’Olympique Strasbourg, équipe de R2, tombée au stade de 32es de finale face à l’AS Saint-Etienne en janvier dernier au stade de la Meinau.

Avant eux, il y avait eu Biesheim, présente en 16es de finale de l’édition 2017/2018 et éliminée au bout du suspens par le GF 38 lors de l’ultime séance des tirs au but mais aussi et surtout l’US SarreUnion lors de l’épreuve 2015-2016. Qualifiés pour les 8es finale après avoir notamment écarté de leur route Niort (L2) en 16es (1-0), les joueurs d’Alsace Bossue sont sortis par la grande porte, battus par le FC Lorient, pensionnaire de L1. Représentés par ses ambassadeurs en coupe de France, le football alsacien a également récemment brillé sur la scène nationale grâce au futsal et à l’incroyable épopée du Sporting Strasbourg, finaliste de la coupe nationale 2016/2017.

L’Alsace qui brille
Sur la scène nationale, une autre famille du football alsacien s’illustre particulièrement depuis la deuxième moitié des années 2010, celle de l’arbitrage. Dans la lignée de leurs illustres aînés, une nouvelle génération d’arbitres alsaciens va émerger au plus haut niveau du football hexagonal après 2010. En août 2014, Frank Schneider rejoint les assistants Matthieu Lombard et Gilles Lang en Ligue 1, reformant ainsi le trio alsacien qui s’était déjà distingué dans l’antichambre de l’élite par le passé.

Enfin, comment ne pas conclure sans évoquer la carrière, toujours en cours, de l’ex-pensionnaire du centre de formation du RC Strasbourg et dernier alsacien à avoir enfilé le maillot bleu. Invité surprise de la liste de Didier Deschamps lors du Mondial 2014 au Brésil après le forfait de Clément Grenier, Morgan Schneiderlin honore sa première sélection sous la tunique frappée du coq le 6 juin 2014 lors d’un match de préparation à la coupe du Monde face à la Jamaïque au stade Pierre Mauroy de Lille.

Au total, le joueur originaire de Zellwiller aura porté à 15 reprises le maillot de l’équipe de France entre 2014 et 2015, digne successeur des Heisserer, Kaelbel, Muller, Hausser, Genghini ou autre Keller. Des hommes qui, à travers les époques, ont tous marqué de leur empreinte le football alsacien, un football qui fête cette année ses 100 ans.

Joyeux anniversaire !

Article publié le lundi 25 septembre 2019 à 16h45

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