1999-2009 : les épopées des clubs alsaciens en coupe de France !
Publié le 10/11/2019
Célébré en 2019, le centenaire de l’organisation du foot en Alsace est décrypté, décennie par décennie. Le neuvième et avant-dernier volet de cette série historique vous plonge dans la période 1999-2009, époque marquée par les formidables épopées en coupe de France du Sporting Schiltigheim, des SR Colmar et du FCE Schirrhein (photo Top Image), l’intronisation de Gilbert Schneider puis d’Albert Gemmrich à la tête d’une LAFA en pleine mutation et les fulgurances en coupes nationales d’un RC Strasbourg en perte de vitesse à la fin des années 2000. Immersion…
A l’aube du nouveau millénaire, le football alsacien nage dans une douce félicité. Dans la foulée de la première victoire en coupe du Monde décrochée à la maison par la troupe d’Aimé Jacquet, le nombre de licenciés dans les clubs amateurs explose. Une règle qui n’échappe évidemment pas à l’Alsace, terre de football, qui fête en grande pompe son 80 000 licenciés en l’An 2000 et approchera même les 90 000 à la fin de la décennie.
Année symbolique à l’échelle de l’humanité, le basculement dans le nouveau millénaire l’est aussi pour la Ligue d’Alsace de Football qui voit Ernest Jacky, son emblématique président, céder sa place à son successeur après sept années passées à la tête de l’instance régionale. Dirigeant emblématique du FC Kronenbourg, Gilbert Schneider prend ses fonctions de président de la LAFA le 1er janvier 2001, devenant le premier président du XXIe siècle, et le 6e depuis sa création, en 1919. Très rapidement, Gilbert Schneider souhaite gérer la LAFA comme une entreprise qui s’inscrit dans le tissu local alsacien, devenant un partenaire du monde politique et économique. Cela se traduit concrètement par la poursuite de la formation des dirigeants de clubs, ainsi que celle des entraîneurs.
Révolution numérique
Qui dit XXIe siècle signifie également révolution numérique. C’est sous la présidence de Gilbert Schneider que la LAFA se lance dans cette nouvelle transition. La bascule numérique s’opère doucement. Lancé par la LAFA dans les années 2000, le plan de déploiement informatique a pour objectif de doter les quelques 630 clubs en ordinateurs grâce au soutien financier de la FFF mais aussi des collectivités. Avec l’appui financier du Conseil Général du Bas-Rhin, Gilbert Schneider et la LAFA lancent en parallèle un vaste plan de développement des terrains synthétiques et vont jouer un rôle d’accélérateur dans de nombreuses communes de la région où fleurissent des équipements modernes. L’objectif d’un terrain par canton est largement dépassé et permettra de doter les clubs alsaciens (car le Haut-Rhin s’y met rapidement aussi) d’outils de travail de qualité.
Pour accompagner le tout, La Fédération Française de Football et la Ligue de Football Professionnelle mettent en place en 2002 le « FAI » pour fonds d’aide à l’investissement qui permet un soutien financier aux projets d’investissement ou de rénovation. Réélu en 2004, Gilbert Schneider effectuera un second mandat à la tête de l’institution du football alsacien avant de céder sa place en 2008 après un bouleversement en profondeur de la LAFA durant les deux dernières années de sa seconde mandature.
Albert Gemmrich 7e président
Ancien champion de France avec le Racing en 1979 et ex-international tricolore, Albert Gemmrich, qui a intégré le Comité Directeur de la LAFA en tant que représentant des sportifs de haut niveau dès 2000, devient en 2008 le 7e Président de la Ligue d’Alsace (photo Jean-Marc Loos) avec l’objectif de faire aboutir ou de perpétuer les chantiers entamés par ses prédécesseurs. A la tête de la LAFA, Albert Gemmrich décide de placer le football amateur alsacien comme le vecteur de valeurs fortes, telles que la solidarité, la prévention ou la lutte contre la violence, dont le projet « J’ai Rêvé le Foot » en est l’illustration la plus parlante.
L’Alsace se pare de vert
Décennie de tous les possibles, la période 1999-2009 restera à jamais marqué du sceau des exploits d’équipes alsaciennes en coupe de France. Formation de CFA2 composée de quelques anciens du Racing revanchards et dirigée par un jeune coach nommé José Guerra, le Sporting Club Schiltigheim va réaliser lors de la saison 2002/2003 ce que personne n’avait jusque-là réussi à faire.
Opposés à l’ESTAC, club de D1, en 32es de finale, les coéquipiers de Garip Ayvaz signent leur premier exploit en dominant les Aubois 3 buts à 1. Rebelote en 16e de finale où c’est au tour de l’AS Beauvais (D2), de tomber sous les coups de boutoir de cette bande de copains totalement décomplexée. Et l’euphorie ambiante ne va pas s’arrêter là. En 1/8e de finale, le SC Schiltigheim balaye Toulouse, formation de L2, 3 buts à 0 dans un stade de l’Ill comble. Comme Calais quelques années plus tôt, on se demande alors si les Verts sont en capacité d’aller au bout et c’est toute l’Alsace qui se prend à rêver mais les irrésistibles Schilikois vont finir par céder, face à Rennes, en quart de finale. Dans une Meinau plein comme un œuf, Toifilou Maoulida répond à l’ouverture du score du Spiewak avant que Frédéric Piquionne n’anéantisse les derniers espoirs verts à quelques minutes de la fin du temps réglementaire (1-2).
L’historique aventure schilikoise prend fin en quart de finale mais sème des graines qui ne vont pas tarder à germer dans les esprits. Décomplexés par l’épopée grandiose de Schiltigheim, d’autres clubs vont lui emboîter le pas. En 2004, Ernolsheim/Bruche s’offre un 32e de finale face à l’AS Cannes de Jan Koller, en 2006, c’est au tour des SR Colmar d’éliminer l’AS Monaco de Didier Deschamps en 16e de finale grâce à un but de François Bader, surgi du brouillard avant de tomber en 1/8e face au Rennes de John Utaka. Locomotive du foot alsacien, le Racing s’y met aussi, remportant la coupe de France en 2001 face à Amiens (0-0, 5tab4) et récidivant quatre saison plus tard, en coupe de la Ligue cette fois-ci, l’emportant en finale face au Stade Malherbe de Caen 2 buts à 1.
Schirrhein dans l’histoire
Le Racing, Schiltigheim ou encore Colmar ont plongé l’Alsace dans une liesse indescriptible par leurs prouesses en coupe de France mais personne ne pouvait se douter que le plus retentissant exploit jamais réalisé dans la Vieille Dame allait être l’œuvre d’un « petit » club du nord de l’Alsace, le FCE Schirrhein.
Pensionnaire de l’Excellence, le club nordiste parvient à sortir Clermont Foot en 32e de finale après un scénario totalement inédit. Les joueurs d’Hervé Sturm, qui jouent à Haguenau un 3 janvier devant la bagatelle de 5500 spectateurs, sont menés 0-2 à la pause. On s’attend à une avalanche de buts auvergnate après le repos. Soudain, dans la pénombre d’une aprèsmidi de janvier maussade en Alsace, la magie s’opère. Wagner, Marty, Martzolff et Roth inscrivent 4 buts en 22 minutes (63e – 85e) face à une équipe pro totalement dépassée (photo Top Images). La claque subie face à Toulouse en 16e de finale (0-8) ne viendra pas entamer l’immense joie d’avoir à jamais marqué l’histoire de la coupe de France.
Si les épreuves à élimination directe font le bonheur des footballeurs alsaciens durant cette décennie, le quotidien des championnats est tout autre. Depuis son dépôt de bilan de 1999, le FC Mulhouse reste englué dans le championnat de CFA. Dans l’euphorie de son parcours en coupe de France, le Sporting Schilitgheim se retrouve également en CFA mais les lendemains sont difficiles et les Verts finiront même par se retrouver en DH quelques saisons plus tard.
Au Racing aussi, la décennie est particulièrement synonyme d’instabilité. Quatre relégations et deux remontées en L1 marquent unes période qui s’achève en cauchemar. Lors de l’exercice 2009-2010, le club, qui a échoué d’un point pour la remontée en L1 la saison précédente, descend en National après une ultime défaite face à Châteauroux. C’est une première dans l’histoire du club qui, même dans ses pires cauchemars, n’aurait pas imaginé la suite…
Article publié le lundi 25 septembre 2019 à 16h30