Philippe Anderhalt et la transmission du savoir

Publié le 18/12/2019

Le football est pour lui un vecteur de lien social fort. Philippe Anderhalt, revenu aux rênes de l’AS Ottrott en 2012, sait que ce sport peut véhiculer des valeurs parfois oubliées. Portrait de ce président pas comme les autres.
 
Philippe Anderhalt est entré dans le monde du football par le biais de son père, qui l’emmenait à la Meinau lorsqu’il était enfant. Il n’en est toujours pas sorti. Après un court passage au FC Kronenbourg, où il tape ses premiers ballons, ses parents déménagent à Ottrott en 1978. À l’époque, l’ailier gauche, qui était plutôt un joueur de quartier, de « city », s’engage dans le club du village, à l’AS Ottrott. « J’avais l’habitude de jouer contre les murs. Il y avait un club dans mon nouveau village alors j’ai pris une licence ». Anciennement artificier de profession, il est victime d’un accident du travail en 1992, à 42 ans, qui va lui laisser un handicap important. L’année suivante, un ami lui propose de reprendre une licence de vétéran au club, afin de reprendre le football à l’ASO. « Je lui ai dit : mais qu’est-ce que tu veux que je fasse avec mon handicap ? Je ne peux même plus lacer mes chaussures. Il m’a répondu : ne t’inquiète pas, tout ça, on s’en occupera ! Et j’ai donc repris ». Il reprend goût au football, et devient, en 1994, président du club. Il arrête en 2004, puis reprend du service en 2012. Ayant toujours suivi le club avec du recul, il constate son mauvais état de santé, et ne peut rester insensible à cette situation.
 
Une reconstruction difficile
 
Lorsqu’il reprend la direction du club, il faut repartir de zéro. Une seule équipe séniors défend alors les couleurs de l’AS Ottrott lors de la saison 2012-2013. Elle ne peut éviter la descente en D3 pyramide A (actuelle D5). « On avait 25 joueurs pour l’équipe fanion, mais le sérieux n’était pas là, c’était impossible de passer une bonne saison », se souvient Philippe Anderhalt. La saison suivante n’est pas plus encourageante : l’ASO déclare forfait général à quatre matchs du terme de la saison, faute de pouvoir réunir 11 joueurs sérieux les week-ends. De là, démarre une entente avec le club de Grendelbruch, qui ne vivotera que pendant trois petites saisons. Enfin, la saison 2018-2019 marque la reconstruction de l’AS Ottrott, et Philippe Anderhalt, toujours à la manœuvre, décide de s’en sortir par les jeunes. « Les jeunes, c’est l’avenir, dit-il, cette saison-là on a réussi à monter quelque chose de sérieux ». Avec l’aide d’un noyau d’une dizaine de personnes impliquées dans le club, une équipe U7, une équipe U9, une équipe U11 et une équipe U15 naissent à l’ASO. Même s’il avoue regretter de voir ses équipes décimées par « les gros clubs voisins », il persiste à créer une section jeunes sur le long terme, en entente avec les clubs voisins de Bernardswiller et Heiligenstein notamment.
 
Un rôle social
 
Son investissement à l’ASO est à prendre en exemple, et il garde cet objectif relationnel en ligne de mire. « Le club de foot est un endroit où l’on doit retrouver certaines valeurs, et où l’on doit agir en tant que groupe, être soudés ! ». Ses différentes expériences de vie lui ont également donné des valeurs d’abnégation, de transmission du savoir. Il refusera toujours l’échec, et préfère « s’en servir pour pouvoir y faire face la prochaine fois ». Il ne compte pas les heures passées à s’occuper du quotidien du club, comme par exemple lorsqu’il s’agit d’organiser la randonnée gourmande, principal événement du club. Il sait également faire confiance aux entraineurs. « Dans cette deuxième présidence, j’arrive à prendre du recul sur le sportif. Je le laisse aux entraineurs, ils gèrent ça mieux que moi ». L’objectif, à court terme, est d’avoir deux équipes séniors sérieuses et compétitives. Philippe Anderhalt entend bien gérer et structurer le club « de manière plus professionnelle » en fédérant autour de lui des personnes motivées et impliquées. Et même s’il ne compte pas arrêter de sitôt, il sera le premier heureux de voir quelqu’un vouloir reprendre le flambeau.
 
 
Article publié le 23/12/2019 à 11:45
 
 
Par Antoine BERTHOUX

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