Khalil Dimassi : « le foot m’a sauvé la vie »

Publié le 30/11/2018

Victime d’un terrible accident à l’été 2010, Khalil Dimassi a perdu l’usage de sa jambe gauche. Amputé un an plus tard, le jeune quarantenaire père de deux enfants (photo lafa.fff.fr) a puisé dans le football la force pour avancer. Huit ans après son accident, l’éducateur U11 a réalisé cet été son rêve le plus fou, remonter sur un terrain de football, sous les couleurs de son club de cœur, le FC Kingersheim.

La vie ne tient parfois qu’à un fil. Joueur du FC Kingersheim depuis qu’il a posé ses valises en France en 2005 pour réaliser un Master à l’IAE de Strasbourg, Khalil Dimassi mène une vie tranquille avec sa femme Sarah et son fils, Neyl, né en 2008 de leur union. Une vie paisible, faite de réussite professionnelle, de plaisirs familiaux et de football, ce sport pour lequel l’arrière latéral du FCK, fidèle supporter de l’Espérance de Tunis, voue une passion folle. Une vie simple et heureuse qui va subitement basculer en juillet 2010, pendant des vacances en Tunisie, son pays d’origine.

« Une terrasse s’est effondrée sur moi et mon épouse. Le toit nous est tombé dessus. J’ai juste eu le temps de sauter vers l’avant pour éviter qu’il ne m’ensevelisse mais ma jambe s’est retrouvée écrasée, » se souvient-il. Resté sous les gravats trois heures durant, Khalil Dimassi est plongé dans un coma artificiel dès son arrivée à l’hôpital. Grièvement blessé, il va rester hospitalisé près de 50 jours en Tunisie avant d’être transférer au centre de traumatologie d’Illkirch où les médecins tentent par tous les moyens de lui permettre de retrouver l’usage de sa jambe.

Soutenu par tout un club 
Un processus long, douloureux et très éprouvant psychologiquement que ce jeune père de famille va réussir à surmonter grâce au soutien de sa femme et de son fils, bien sûr, mais aussi celui, plus inattendu, de tout un club. « C’était une épreuve très difficile mais j’ai pu m’appuyer sur un élan de solidarité énorme de la part du club. J’ai retrouvé dans cet élan de solidarité les valeurs du football, la solidarité et l’esprit d’équipe, » confie Khalil Dimassi. Pour autant, l’état de sa jambe ne s’améliore pas et un an après son accident, Khalil va prendre la plus importante décision de sa vie.

« Ne voyant pas le bout du tunnel et voulant absolument passer du temps avec mon fils, j’ai opté, sur les conseils du Dr Cyril Boeri, pour l’amputation, » explique-t-il. Le début d’une nouvelle vie. Une vie menée entre rééducation, acceptation de la prothèse et du regard des autres. « Tout ce que j’ai appris dans le foot m’a permis d’avancer. Le dépassement de soi, le travail, l’acharnement, l’entrainement, la volonté. La rééducation n’était vraiment pas simple. J’ai pris la période de rééducation comme un entraînement de début de saison, » relativise le franco-tunisien.

Conseillé par Jean-Benoît Kinny, son orthoprothésiste, Khalil Dimassi réapprend à marcher et décide en septembre 2013, de revenir au FC Kingersheim pour encadrer les Pitchounes que vient de rejoindre son fils aîné. « Le club de foot a été la première cellule où je me suis affiché en tant qu’amputé. C’était plus facile d’affronter le monde extérieur au sein de mon club. Je me suis d’abord confronté au regard des enfants pour affronter celui des adultes, ça m’a fait énormément de bien. » Au contact des enfants, Khalil se découvre une nouvelle facette, s’attachant au passage à véhiculer des notions d’acceptation de la différence et de dépassement de soi dont lui seul à le secret.

« J’ai découvert l’importance de la transmission, j’ai énormément mûri avec cet accident. » Pris au jeu de l’encadrement des jeunes, il décide parallèlement de poursuivre ses diplômes d’éducateurs amorcés juste avant son accident. Père pour la seconde fois en 2014, d’un petit Tayssir, le responsable administratif et financier de profession se redécouvre au sein du FCK où il occupe désormais les fonctions de responsable de la section U11 et de membre de la commission financière.

L’accomplissement d’un rêve
Multi-casquettes, Khalil Dimassi est épanoui dans sa nouvelle vie mais nourrit encore secrètement un rêve un peu fou, celui de rejouer au football. Un rêve qui va devenir réalité en juillet dernier, quand avec son ami Ludo Gonzalez, ils décident de monter une équipe vétérans à Kingersheim. « J’ai eu l’appui de tout le club, c’était magnifique, » se délecte-t-il. Constituée d’éducateurs du club, d’anciens joueurs et surtout d’amis, l’équipe prend forme et joue en juillet dernier son premier match amical face à Petit-Landau.

Reconverti gardien de but, Khalil avoue avoir ressenti « des émotions indescriptibles », avoir eu « la chair de poule ». « J’ai montré que c’était possible, j’ai franchi un autre cap dans ma vie, » indique le portier vétéran du FCK. Depuis, la section vétérans de Kingersheim s’est engagée en championnat. Chaque vendredi, Khalil enfile ses crampons et ses gants pour s’adonner à ce sport à qui il reconnait devoir énormément. Ce sport qui lui a « sauvé la vie », ce sport qui, au final, lui doit énormément.

Référent de la catégorie U11, Khalil Dimassi entraîne également l’équipe Promotion du FCK, ici lors d’un entraînement – photo lafa.fff.fr

Article publié le vendredi 30 novembre à 16:05

Par S D

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